Pour un art universel, une matière inattendue: la moquette
RENCONTRE AVEC L'ARTISTE
Comment travaillez-vous ?
Je suis très attaché au savoir faire manuel, à l'importance de donner du temps à son travail pour le charger de Sens et de Beauté. Chaque sculpture me demande plusieurs semaines de création.
Je découpe la moquette à l'aide d'un cutter. Je m'appuie sur des gabarits en carton que je dessine au préalable, selon mon inspiration. J'assemble ensuite les éléments de moquette avec un pistolet à colle.
Je crée la sculpture du centre vers l’extérieur, en partant du pied en metal ou de la base en bois. Je ne dessine pas la sculpture ou le bas-relief à l'avance. La superposition des différentes couches compose progressivement un organisme, que je pense comme un exosquelette. C'est à dire que la structure est liée à la forme apparente.
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Quelles sont vos inspirations?
Je m’imprègne de la géométrie sacrée : cercles, triangles et carrés s'inscrivent les uns dans les autres, et deviennent la structure d'un micro univers. C'est un outil essentiel de mon travail, un savoir universel solide qui a inspiré nombre de personnes à la recherche d'harmonie artistique.
Je suis également sensible aux arts primitifs que j'ai beaucoup étudié. Je suis passionné par les masques et toutes les figures humanoïdes dans l'art, aussi anciennes soient-elles. La science-fiction a aussi sa part dans mes influences.
J'aime utiliser des symboles connus de tous, coeur, étoile, main... Ces signes simples et beaux ont traversés les temps et les continents, nous reliant aujourd'hui à notre universalité.
Comment vous est venue l'idée d'utiliser la moquette dans votre art ?
Tout a commencé, un dimanche pluvieux où je m'ennuie et cherche de quoi m'occuper. Je tombe alors sur un grand bout de moquette entreposé là depuis mon dernier emménagement. Et une idée amusante me traverse l'esprit : me faire un masque de guerrier, comme ceux qui me faisait rêver dans mon enfance. En quelques heures de joyeux bricolage, à l'aide d'une agrafeuse et de colle, mon idée pris forme. Quelle joie! Bien que sommaire, le résultat m'inspira...
J’étais alors artiste-peintre et je cherchais une manière nouvelle de donner du volume à mon art. Le potentiel inédit de la moquette est venu m'enthousiasmer et j'ai depuis développé ma propre technique de travail, adaptée à cette matière.
En 2014 la rencontre avec l'entreprise Sommer Needlepunch est cruciale. Le directeur Kris de Sadleir me soutient depuis lors en me donnant un accès privilégié à la gamme de 50 couleurs.
Aujourd'hui, je suis sculpteur de moquette et j'adore ça ! C'est un plaisir très sérieux, que j'aime partager avec vous.
"trilogie", 100 x 165cm, peintures
Belaud, 2007.
Quel est votre parcours?
J'ai une formation théorique, une maîtrise d'arts plastiques à la fac de Saint-Etienne. Ce cursus m'a passionné et en paralellle, j'ai commencé à peindre des grands formats dans mon appartement d'étudiant.
Une fois mon diplôme en poche, je me suis consacré exclusivement à mon activité de peintre, à partir de 2006. J'ai commencé à exposer en galerie (Xavier Ronse Galery à Moucron en Belgique, JP Bottela Art Gallery à Saint-Tropez) et sur une grande foire d'art contemporain en 2007 (ST-ART Art Fair Strasbourg).
En 2009, je suis alors passé de la peinture, à la sculpture. Ce fut une étape riche et les galeries m'ont suivies (Xavier Ronse Galery à Moucron, JP Bottela Art Galley à Saint-Tropez, AD Galerie à Bézier), et j'ai ainsi continué à faire des foires d'art contemporain (AAF Bruxelles, Lille Art Fair, ST-Art Fair Strasbourg).
Je réalise des commandes pour des particuliers, des collectionneurs ou des entreprises qui me font confiance et partage ma vision de l'art. Je suis heureux d'avoir concrétisé mon rêve de jeunesse, vivre de mon art.
EXTRAIT D'ARTICLE: "L'art chamanique de Jean-Christophe Belaud"
Part CHRISTIAN SCHMITT, critique d'art,
"Le Nouveau Cénacle" du 8 mai 2015.
"Jean-Christophe Belaud réussit une oeuvre rayonnnante de magie à partir de morceaux de moquette, d’une grande banalité, puisqu’il s’agit d’un objet neutre sans âme et sans vie. Pourtant il crée à partir de ce “rien” des masques d’une intensité plastique édifiante avec un sens inné de la géométrie sacrée. Plus la transformation est forte, plus brillante l’ironie aurait dit Lavier !
L’artiste a restitué leur cruelle beauté et ces masques impressionnent. De facture souvent cubiste, cela ajoute encore un côté étrange, voire inquiétant avec en plus une connotation qui est parfois aussi très futuriste pour des masques qu’on pensait très proches des arts premiers.
Le travail de l’artiste surprend toujours par la précision, l’originalité et l’inspiration délirante de chacune de ses créations."